Dom Antoine-Joseph Pernety, un de ces nombreux et exotiques polymathes d’avant la Révolution française, nous a laissé, entre autres merveilles dont toutes n’étaient pas inventées, un “Journal historique d’un voyage fait aux îles Malouines en 1763 et 1764 pour les reconnoître et y former un établissement et de deux voyages au détroit de Magellan avec une relation sur les Patagons” (2 volumes, 1769). Dom Pernety avait accompagné le navigateur Bougainville dans son expédition aux Iles Malouines (Falklands), pour après s’établir en Avignon, où il allait fonder une curieuse secte d’Illuminés qui pratiquaient l’alchimie sexuelle. J’en décris les ébats, avec force détails, dans le roman La Projection (projection alchimique, cela s’entend) dont les deux premiers chapitres peuvent être lus ici :

Ch. I : https://www.facebook.com/notes/dom-pernety/chap-i-o%C3%B9-il-est-question-de-lam%C3%A9rique-et-de-loiseau-paille-en-cul/217006775055475

Ch II : https://www.facebook.com/notes/dom-pernety/chap-ii-ou-lon-apprend-des-choses-variees-sur-la-ville-de-prague-en-boheme-dont-/217844551638364

(Bon, sachez que les scènes de porno érudit ne commencent qu’au chapitre III…)

Sur la bateau, le bon Bénédictin alchimiste découvre que les animaux peuvent aussi avoir le mal de mer et il note que le roulis du navire au large du Paraguay a fait mourir -probablement en vomissant de panique- un bouc, deux moutons et trois vaches.

Mais surtout, il nous décrit les usages culinaires du pingouin, ainsi que la façon d’en abattre le plus grand nombre possible :

Au sud des Malouines, sur l’Ile Brûlée, il y avait une quantité prodigieuse de pingouins. On en tuait parfois quelques centaines, des estomacs desquels on faisait des salaisons. 

“Le pingouin braie comme l’âne. On les tue à coups de bâton. A mesure que vous en approchez ils vous regardent en penchant la tête sur la droite, puis sur la gauche, comme s’ils se moquaient de vous en disant ironiquement, tout bas: “ah, le beau Monsieur que voilà.” 

“Alors on les frappe avec un bâton sur la tête et on peut en tuer des dizaines presque sans changer de place. Ils n’ont pas peur, et s’ils s’enfuient, ils courent comme des oies. 

“Leur chair est noire et a un goût un peu musqué; elle est aussi bonne que celle du lièvre. 

“Par contre, la terre glaise de l’île n’est pas bonne. Mes essais de faire un buste de Louis XIV n’ont rien donné. 

“L’air y est excellent pour pratiquer l’érotisme alchimique.”

Voilà: au-delà des précieux renseignements, c’est ce que j’appelle avoir du style!…